Biodiversité | Médail, Frédéric

Biodiversité 180 dispersions d’espèces. Puis, entre 3,5 et 2,4 Ma, se met en place le climat médi- terranéen proprement dit, avec un renforcement du contraste des saisons et un abaissement des températures hivernales, conditions qui ont favorisé de nou- velles diversifications d’espèces ou de lignées génétiques. Au début du Pléistocène (env. 1,8 Ma), de sévères baisses de température conduisent à l’extinction de la plupart des espèces tempérées-chaudes. Finalement, les pulsations climatiques du Quaternaire (alternance des cycles glaciaires-­ interglaciaires) ont fortement influencé les dynamiques des écosystèmes actuels et la distribution des populations animales ou végétales. Les glaciations, notam- ment la dernière survenue il y a 20 000 ans, ont eu des impacts significatifs sur la biodiversité terrestre. Toutefois, certaines espèces ou lignées génétiques ont pu persister dans des zones refuges, territoires privilégiés sur le plan microclimatique et aux conditions topographiques particulières (vallons côtiers, gorges, falaises). Chez les végétaux, une cinquantaine de refuges périméditerranéens, localisés pour l’essentiel sur les chaînes de montagnes et les îles, ont pu être identifiés grâce à l’originalité génétique de leurs populations (planche XXIII). Depuis ces refuges, ces dernières pouvaient reconquérir le continent européen, dès que les conditions climatiques redevenaient favorables, cas de notre interglaciaire actuel. L’homme et la biodiversité en Méditerranée Dès la transition Néolithique-Chalcolithique, il y a environ 5 000 ans, l’homme a exercé un impact significatif sur le milieu naturel en Méditerranée. Dès lors, à l’orée de la période historique, il a probablement détruit ou altéré une portion notable des écosystèmes, notamment les forêts qui couvraient cette région, en modifiant profondément leurs structures et dynamiques. Il reste en général bien délicat d’estimer les conséquences directes de ces impacts anthropiques anciens sur les extinctions d’espèces. Chez les végétaux, les écrits des auteurs antiques, notamment Théophraste, mettent en évidence des disparitions locales de plantes trop activement exploitées : en Crète le palmier nain, et en Cyrénaïque le thuya de Berbérie et l’énigmatique silphium – à rappro- cher selon S. Amigues de l’ombellifère Margotia gummifera – sur lequel reposait une véritable économie locale. À l’heure actuelle, on estime à une quarantaine le nombre d’espèces végétales éteintes, soit un taux d’extinction de 0,15 %, mais de nombreuses plantes sont en danger critique d’extinction et les estimations de rareté demeurent une gageure dans bien des régions. Le cas des mammifères sur les grandes îles de la Méditerranée est mieux connu, même si bien des questions demeurent. La fameuse « mégananofaune » de plu- sieurs de ces îles (Chypre, Malte, Sicile) comportait des hippopotames et des

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