Bassin versant | Margat, Jean

Bassin versant 150 Un appauvrissement de ces ressources devrait résulter des conséquences du changement climatique au xxi e siècle. Plusieurs pays du Maghreb ont déjà révisé en baisse (jusqu’à 30 %) les ressources disponibles prises en compte dans les Plans d’équipement. Les bassins versants forment ainsi les cadres naturels appropriés pour évaluer les ressources en eau, notamment par habitant, en les comparant à leur popula- tion, pour gérer ces ressources et les demandes en eau pour différentes utilisa- tions et finalement évaluer les pressions humaines sur les ressources (planche IX) et indirectement sur les écosystèmes aquatiques. Nombre de bassins (ou agré- gats de petits bassins) méditerranéens sont maintenant les emprises territoriales d’Agences de bassin – notamment en Espagne, France, Italie, Maroc, Algérie – qui se sont associées en réseau régional affilié au Réseau international des orga- nismes de bassin : le remob (Réseau méditerranéen des organismes de bassin). Les bassins versants sont aussi générateurs des risques « naturels » les plus répandus et les plus meurtriers, déterminés par les pluies torrentielles et les crues qui provoquent des glissements de terrain et des inondations, au Nord comme au Sud… Rien qu’au cours du xx e siècle, aumoins une quinzaine d’inondations ont fait cha- cune plus de 100 à 1 000 victimes dans les pays méditerranéens (Villevielle, 1997). En France seulement, par exemple, dans le bassin méditerranéen, les victimes d’inondations qui ont ravagé plusieurs villes ont été nombreuses, jusqu’à des dates récentes : 50 morts dans le Roussillon en 1940 ; 23 au Grand-Bornand en 1987 ; 11 à Nîmes en 1988 ; 46 à Vaison-la-Romaine en 1992 ; 26 à la suite des ruptures de digue en Camargue en 1999 ; 29 dans le Gard en 2002. L’eau en excès a aussi rendu longtemps inhospitaliers et inhabitables beau- coup de territoires, écartant les villes de certains littoraux et des rives de plu- sieurs fleuves difficiles à endiguer. Aussi les actions humaines d’aménagement des bassins versants doivent-elles souvent conjuguer et concilier les deux objectifs d’intégrité des milieux aqua- tiques et de viabilité ou de sécurité des habitants. Enfin les bassins versants méditerranéens sont pour la plupart sujets à une érosion souvent active qui, outre l’appauvrissement des sols, engendre la sédi- mentation des réservoirs de barrage, dont les capacités diminuent généralement de 0,5 à 1 % de leur volume initial par an, parfois plus, ce qui affaiblit d’autant leur fonction régulatrice. Au Maghreb, par exemple, l’« envasement » des réservoirs s’élève, actuellement, au total à 140 millions de m 3 par an : à la fin du siècle, la moitié des capacités utiles présentes des réservoirs sera annihilée. Le réservoir du lac Nasser (barrage d’Assouan) accumule 60 000 à 70 millions de m 3 par an d’alluvions du Nil qui font maintenant défaut au delta en favorisant le recul de son littoral.

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