Astronomie | Bret, Patrice

Astronomie 132 Marseille Jean-Mathieu de Chazelles, fait en Grèce, en Égypte et en Turquie des observations pour le secrétaire d’État à la Marine, en liaison avec l’Académie royale des sciences et l’Observatoire de Paris en 1693. À la fin du xviii e siècle, les Français implantent même des observatoires dans l’Empire ottoman. Le premier est établi à Bagdad, de 1782 à 1789, par l’astro- nome Joseph Beauchamp, qui transmet ses données à Paris où elles sont publiées par l’Académie des sciences. À lui seul, il y fait plus d’observations de Mercure que tous les astronomes européens réunis depuis l’origine, outre de nombreuses observations d’étoiles, qui lui permettent de corriger le catalogue de Flamsteed. Le second, établi par Nicolas Nouet dans les locaux de l’Institut d’Égypte fondé par Bonaparte au Caire, de 1798 à 1801, fait l’admiration de l’ouléma ‘Abd al-Rahmân al-Jabartî, astronome et chroniqueur de l’Égypte ottomane et de l’occupation française. Nouet multiplie les observations, surtout les occulta- tions d’étoiles par la Lune, et par l’observation des satellites de Jupiter, il mesure également les coordonnées de 36 points fixes qui, à défaut d’un véritable cane- vas géodésique, permettent d’établir la carte topographique au 1/100 000 sur le modèle des meilleures cartes européennes. Mais c’est aussi vers le passé que se tourne l’Institut national, à Paris, quand il demande à l’Institut du Caire, en janvier 1799, de mesurer la base de la grande pyramide et la coudée du nilomètre – qui sont vues comme des étalons de mesure fondés sur des divisions du méridien terrestre – et de rechercher des traces matérielles de l’observatoire de l’école d’Alexandrie et de celui d’Ibn Yûnus. L’Institut parisien espère aussi obtenir des exemplaires des travaux de ce der- nier, dont un fragment est en cours de traduction par Caussin de Perceval, et de ceux d’al-Battânî, dont ne subsiste « qu’une traduction latine très-imparfaite », et des divers astronomes arabes pour faire avancer la science contemporaine, car « leurs observations peuvent être extrêmement utiles à la perfection des théories astronomiques, et, par cette raison, la connaissance de leurs ouvrages est une des choses qui nous intéressent le plus ». C’est encore à la traduction des astro- nomes arabo-musulmans que s’attelle tout spécialement l’astronome orientaliste Emmanuel Sédillot, du Premier Empire à la monarchie de Juillet. L’éphémère observatoire du Caire durant l’occupation française marque la naissance de l’astronomie coloniale, dont l’observatoire d’Alger, d’abord simple station météorologique (1856), devient le fleuron. Des créations accompagnent aussi les nouveaux États, comme en Grèce (Athènes, 1842) ou en Égypte : Méhémet Ali implante un nouvel observatoire du Caire, à Bûlâq (1840), où travaille l’astronome égyptien Mahmûd Pasha al-Falakî (1815‑1885), transféré à Abbasiya (1865) puis à Helwan (1903). L’époque est à la création d’observa- toires modernes sur les deux rives de la Méditerranée. Sous le Second Empire encore, l’observatoire de Marseille quitte l’ancien local des jésuites à la montée

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