Astronomie | Bret, Patrice

Astronomie 131 En amont de la révolution copernicienne de l’héliocentrisme, l’apport des astronomes de langue arabe a donc été manifeste, non seulement par la trans- mission des savoirs et des instruments hellénistiques, mais aussi par la critique de Ptolémée et la quête de nouveaux systèmes planétaires, ainsi que par la confec- tion de tables astronomiques, la création d’un vocabulaire technique passé en Europe (azimut, alidade, almucantarat), la nomenclature des étoiles visibles à l’œil nu, ou avec de simples tubes sans lentille (Aldébaran, Altaïr), et par le développement de la trigonométrie, issue de leurs techniques de calculs pour devenir une discipline autonome. Mais si l’astronomie continue à faire partie de la culture arabe classique, elle cesse de se développer de façon innovante. À la mosquée d’al-Azhar au Caire à l’époque ottomane, Hasan al-Jabartî, mort en 1774, et son élève Muhammad al-Sabbân, mort en 1791, sont les derniers représentants de cette tradition des sciences de la hikma (astronomie, alchimie, mathématiques, médecine). De même, tandis que les Ottomans utilisent encore des astrolabes de bois jusqu’au xix e siècle, les Portugais ont adapté l’instrument à la navigation maritime avant que l’octant et le sextant ne le fassent disparaître des navires européens aux xvii e et xviii e siècles. L’astronomie moderne en Méditerranée : de la révolution copernicienne à l’astronomie coloniale À l’époque moderne, l’innovation en astronomie a quitté le monde arabo- musulman pour l’Europe chrétienne, mais la Méditerranée y tient encore une place. C’est à Bologne que le Polonais Copernic fait ses premières observations en 1497 et s’initie à la critique de Ptolémée auprès de Domenico Maria Novara ; à Padoue que l’Italien Galilée perfectionne en 1609 la récente lunette d’approche pour l’adapter à l’observation astronomique, élargissant le champ de ses décou- vertes ; à Venise qu’il publie celles-ci dans son Sidereus Nuncius (1610)… et à Rome que ses thèses sont censurées (1616) et condamnées (1633). Mais elle s’est aussi déjà déplacée vers le nord avec Tycho Brahé au Danemark et Kepler en Allemagne, puis avec la construction des grands observatoires royaux de Paris et de Greenwich à la fin du xvii e siècle. De nombreux autres sont fondés à partir du Siècle des lumières : ceux de Trieste et de San Fernando à Cadix (1753), de Turin (1759), de Brera à Milan (1764), de Palerme (1790), de Capodimonte à Naples (1812), etc. Les Européens envoient aussi en Méditerranée des astronomes chargés de faire des observations astronomiques et de vérifier des coordonnées géographiques : John Greaves se rend en Turquie et en Égypte, dès 1638, et l’hydrographe de

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