Astronomie | Bret, Patrice

Astronomie 130 cour califale le Persan Abû l-Wâfâ’ (940‑998), bon observateur de la Lune, dont il reconnaît la troisième variation, que Tycho Brahé redécouvre six siècles plus tard. Mais un siècle plus tôt, à Raqqa puis à Damas, al-Battânî (vers 858‑929), un autre Sabéen islamisé de la région d’Urfa, l’antique Édesse, recalcule de nom- breuses valeurs admises depuis l’Antiquité et rectifie des résultats de Ptolémée, pré- cisant notamment la longueur de l’année solaire, qu’il fixe à 365 jours, 5 heures, 46 minutes et 24 secondes. Il compile de nouvelles tables du Soleil et de la Lune, redécouvre que la direction de l’apogée du Soleil change et développe les outils mathématiques en astronomie, notamment l’usage des sinus et même des tan- gentes, et reprend les travaux de Pythagore et de l’astronome indien Aryabhata (476‑550). Sans adopter la théorie de la trépidation de Thâbit ibn Qurra, il recal- cule les valeurs pour la précession des équinoxes et l’obliquité de l’écliptique don- nées par Hipparque. Ses travaux, qui constituent encore de nos jours des archives astronomiques utilisées en géophysique pour étudier des changements de long terme, ont été également cités jadis par Copernic, Tycho Brahé, Kepler, Galilée. En effet, d’al-Andalus en Espagne, à l’ouest, à l’école de Marâga aux confins de la Perse, à l’est, nombre d’autres astronomes d’expression arabe ont influencé Copernic et ses successeurs européens sans se contenter de transmettre les textes grecs. Le principal est sans doute le fabricant d’instruments astronomiques al-Zarqâlî (vers 1029-vers 1087), à Tolède, puis à Cordoue, après la reconquête de la ville par Alphonse VI à Cordoue. Il conçoit un astrolabe d’un nouveau type (aza- fea) et rédige un traité sur son usage. S’inspirant des tables de Maslama al-Majritî (950‑1008) à Cordoue – traducteur et critique de Ptolémée et d’al-Khwârizmî –, Zarqâlî donne les tables dites « de Tolède » (1061‑1080). Il est traduit en latin, dans cette même ville reconquise, dès le siècle suivant par Gérard de Crémone (vers 1114‑1187), et ses tables sont à leur tour traduites et mises à jour par les astronomes juifs Yehuda ben Moshe et Isaac ben Sid sur ordre d’Alphonse X, pour aboutir aux tables alphonsines dans la seconde moitié du xiii e siècle. De même, l’usage de l’astrolabe se développe à partir du ix e siècle, avec al-Khuwârizmî, et donne lieu à un grand nombre de traités détaillant ses per- fectionnements, montrant la marche apparente du Soleil, de la Lune (al-Birûnî, début xi e siècle) et des planètes (surtout al-Zarqâlî, avec des orbites ovoïdes, xi e siècle). C’est d’Espagne que Gerbert d’Aurillac rapporte l’astrolabe à la fin du x e siècle dans le monde latin qui s’en empare avec Lupitus de Barcelone vers 980 et Raymond de Marseille vers 1135. En Égypte, l’astronomie a quitté Alexandrie pour Le Caire et sa place est moindre. Mais au lendemain de la conquête par les califes fatimides (969), Ibn Yûnus (vers 950‑1009) dresse la grande table hakémite, puis, sous le règne du sultan mamlouk Qalâwûn (1279‑1290), Abû ‘Alî al-Hasan, originaire du Maroc, y compile un traité d’astronomie sphérique et d’instruments astronomiques.

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