Astronomie | Bret, Patrice

Astronomie 129 planétaire géocentrique, il devient pour bien plus d’un millénaire la référence incontournable, reprise, commentée, développée et critiquée dans la Méditerranée jusqu’au système héliocentrique de Copernic. L’astronomie dans la Méditerranée arabo-musulmane : six siècles de transmission et de progrès Largement oubliée dans l’Occident chrétien, l’astronomie antique languit aussi à Constantinople, malgré quelques traités sur l’astrolabe byzantins (de Jean Philopon d’Alexandrie, vers 530) et syriaques (de l’évêque Sévère Sebôkht, vers 660). Théodore Métochite (1270‑1332) lui redonne quelque vigueur au xiv e siècle avec ses Éléments d’astronomie et un commentaire de Ptolémée. Ce réveil tardif, poursuivi par Nicéphore Grégoras, qui prévoit l’éclipse du 16 juil- let 1330, et son rival Barlaam le Calabrais, provient pour partie de l’introduc- tion des tables astronomiques arabes et persanes. De Bagdad à l’Espagne, en effet, les astronomes et mathématiciens arabo-musulmans traduisent et développent l’astronomie grecque, tout en puisant également chez les astronomes indiens. Plus que toute autre religion, l’islam fonde sa liturgie sur l’astronomie, nécessaire pour déterminer l’heure des cinq prières quotidiennes, la qibla ou direction de La Mecque, essentielle pour la prière et l’orientation du mirhab dans les mosquées, et le début du ramadan, mois lunaire de jeûne, avec l’apparition du croissant lunaire au crépuscule de la nuit de l’Observation. Aux méthodes empiriques de détermination traditionnelle par l’ob- servation visuelle, les Arabes associent la géométrie sphérique et la trigonométrie. Au carrefour des influences grecques et indiennes, l’astronomie islamique se développe d’abord à Bagdad, la capitale du califat abbasside. C’est là qu’au début du viii e siècle, deux Persans introduisent dans leurs calculs le sinus, emprunté au monde indien : ce sont al-Khuwârizmî (vers 780‑850), le « père de l’algèbre » qui donne aussi en 830 les premières tables astronomiques du monde arabe, compilées des tables indiennes et grecques, et al-Marwazî Habash al-Hasib (vers 770‑870), qui en compile trois nouvelles. À Bagdad encore, l’un des principaux passeurs est Abû al-Hasan Thâbit ibn Qurra (826‑901), un Sabéen d’Assyrie qui traduit Apollonios, Archimède, Euclide et Ptolémée, publie ses propres observations sur le Soleil, découvre la variabilité de l’obliquité de l’écliptique et fonde la théorie de la trépidation – une oscillation dans la précession des équinoxes, déjà décrite par Théon d’Alexandrie dans ses commentaires de Ptolémée – et, selon Copernic, déter- mine aussi la longueur de l’année solaire (sidérale) 365 jours, 6 heures, 9 minutes, 12 secondes (erreur de 2 secondes). S’y fixe également comme astronome de la

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