Arsenal | Acerra, Martine; Buti, Gilbert

Arsenal 123 des arsenaux plus modestes de la mer Noire (Sinop) et de la côte anatolienne (Antalya, Alanya), comme de l’aide des régences d’Afrique du Nord. Les che- valiers de l’ordre de Saint-Jean, lorsqu’ils sont encore installés à Rhodes, font construire leurs flottes à Venise et Barcelone mais aussi à Aigues-Mortes, Montpellier et Marseille. Superposés, ces différents réseaux diachroniques couvrent l’ensemble des rives du bassin méditerranéen et se prolongent au-­ delà du détroit de Gibraltar, intégrant dans leur sphère d’influence le littoral ibérique avec Cadix et Séville. Avant le xv e siècle et les conséquences des grandes découvertes, le Ponant bénéficie des savoir-faire méditerranéens comme l’atteste le cas du Clos des galées, installé à la fin du xiii e siècle sur la rive de la Seine opposée à l’actuelle ville de Rouen. À compter de 1292 et jusque vers 1540, ce Clos possède tous les caractères de l’arsenal avec ses ateliers de fabrication d’armes, entrepôts, magasins, cales couvertes et logements. L’assistance technique des construc- teurs génois et les inspirations vénitiennes ainsi qu’hispano-arabes sont attes- tées jusque dans l’enceinte fortifiée, une simple palissade de bois entourée de fossés et flanquée de tourelles. Puis, nées du mouvement des grandes décou- vertes, les nouvelles routes maritimes transocéaniques provoquent un relatif effacement de la Méditerranée au profit des façades atlantiques. Les pays qui poursuivent les initiatives ibériques – Angleterre, Provinces-Unies, France du Ponant – se dotent de leurs premiers arsenaux qui remplacent progressivement les chantiers privés de construction auparavant fournisseurs des souverains et des États. L’existence de Chatham sur la Medway est attestée dès 1547 avant que naissent les arsenaux de la Tamise en aval de Londres, Sheerness, Woolwich, puis les grands établissements militaro-industriels de Portsmouth et Plymouth à la fin du xvii e siècle. En France, Le Havre est créé en 1509‑1517, bientôt rejoint par des sites d’ancienne tradition maritime ou de création (arsenaux de Brest, Rochefort, Lorient, Cherbourg au cours des xvii e et xviii e siècles). Les puissances de l’Europe du Nord ne sont pas en reste et l’arsenal suédois de Karlskron (1774) étonnera par la nouveauté conceptuelle de ses cales instal- lées selon un plan panoptique dont s’inspireront les créateurs des arsenaux de Cronstadt ou de Cherbourg. De la Méditerranée puis de l’Europe, le modèle d’arsenal s’exporte au xviii e siècle vers les colonies avec des tentatives d’implan- tation plus ou moins réussies. L’arsenal de La Havane (Cuba) présente le cas le plus accompli de ce transfert avec une production de vaisseaux de guerre équi- valente au tiers de la construction navale espagnole au xviii e siècle ; cette acti- vité est associée au rôle de base-relais pour les convois commerciaux des flotas et à celui d’espace de relâche et de réparation. À la fin du xix e siècle, un autre transfert s’effectue lors de l’ouverture du Japon au reste du monde : ainsi, au

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