Anthropologie biologique | Degioanni, Anna; Goude, Gwenaëlle

Anthropologie biologique 97 (Rebato, 2003). Ces graduations sont dues aux variations de l’ensoleillement mais surtout à des pools génétiques spécifiques du fait des nombreuses migrations qui, au cours du temps, ont conduit des individus d’origines diverses vers les rives de la Méditerranée. C’est par exemple le cas des Vikings qui, à partir de l’an 1000, envahissent le Sud de l’Italie, et en particulier la Sicile, laissant des traces visibles encore aujourd’hui avec des individus à peau très claire au sein d’une population à peau plus foncée. On remarque toutefois que la majeure partie des popula- tions de cette région a une peau de type clair (type II), notamment en Espagne, au Maghreb, en Italie, dans les Balkans et au Proche-Orient. La carnation « très claire » (type I) se retrouve surtout dans le Sud de la France et l’on note des car- nations plus foncées au Machrek (peau moyenne de type IV) et certaines zones du Maghreb (peau claire de type III). Cette distribution est très générale et des variations locales, voire micro-locales (par exemple différenciation côte-intérieur des terres), sont bien entendu à noter. Par exemple, des travaux plus spécifiques, localisés sur certaines zones comme en Sardaigne, apportent des informations plus précises sur les gammes chromatiques des iris et des cheveux (Cosseddu et al ., 1983). Dans cette région, les couleurs foncées prédominent pour les yeux, de façon semblable aux populations africaines, asiatiques et d’Europe méridionale. De la même manière, pour les cheveux, ce sont également des couleurs foncées qui sont le plus couramment représentées (châtain foncé et noir). Si chaque population méditerranéenne montre une grande variabilité dans la gradation et les nuances des couleurs de la peau (variation très importante à l’in- térieur même de chaque population), les Méditerranéens partagent les mêmes variantes de 4 gènes responsables de la couleur : une variante du gène mc1r (MelanoCortin 1 Receptor), qui est associée aux cheveux roux, à une peau très claire, aux taches de rousseur et aux cheveux blond clair. Il faut noter que les personnes présentant ces variantes sont facilement sujettes au coup de soleil et ont une faible capacité de bronzage ; de nombreuses études ont montré que cette variante augmente le risque de mélanome. Une variante du gène slc24a5 (SoLute Carrier family 24 member 5) est impliquée dans le processus évolutif qui a abouti à l’éclaircissement de la peau des populations européennes et plus généralement méditerranéennes. Cette variante est quasiment fixée dans les populations européennes, avec une fré- quence supérieure à 97 %. Il a été estimé que ce seul gène peut expliquer 25 à 38 % des différences d’indice de mélanine entre les populations d’ascendance européenne et africaine du Sud. Enfin, les gènes matp (Membrane-Associated Transporter Protein) (McEvoy et al ., 2006) et oca2 (Oculo-Cutaneous Albinism type 2, dont une variante est responsable de l’albinisme) (Lao et al ., 2007) possèdent des variations exclusive- ment présentes dans les populations d’origine européenne (et méditerranéenne).

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