Anthropologie | Bromberger, Christian

Anthropologie 91 Anthropologie Les premiers anthropologues de la fin du xix e siècle (Henry James Sumner Maine, William Robertson Smith, James Frazer, etc.) étaient classicistes ou his- toriens du droit et se référaient souvent aux sociétés antiques de la Méditerranée pour analyser coutumes et croyances ou encore les différentes formes d’organi- sation sociale (la tribu, la cité, etc.) et leur évolution. Mais ce n’est qu’à la fin des années 1950 que prit véritablement corps, sous l’égide des universités bri- tanniques, une anthropologie de la Méditerranée. En 1959, Julian Pitt-Rivers, John G. Peristiany et Julio Caro Baroja réunirent un colloque, à BurgWartenstein en Autriche, qui peut être considéré comme l’acte fondateur de l’anthropologie de la Méditerranée ; y participèrent, entre autres, Ernest Gellner, qui avait mené des travaux sur le Haut-Atlas, Pierre Bourdieu, alors spécialiste de la Kabylie, Joseph Campbell, auteur de recherches sur les Saracatsans du Nord de la Grèce. Cette rencontre et celle qui suivit, en 1961, à Athènes donnèrent lieu à la publication de deux recueils fondamentaux (Pitt-Rivers, 1963 ; Peristiany, 1965), campant les principaux registres thématiques d’une anthropologie comparée des sociétés méditerranéennes (l’honneur, la honte, le clientélisme, le familialisme, la parenté spirituelle, etc.) et véritables coups d’envoi à des recherches monographiques s’inscrivant désormais dans des cadres conceptuels fortement charpentés. Les décennies 1960 et 1970 furent celles d’une croissance rapide et d’un épanouis- sement de l’anthropologie de la Méditerranée, dernière née des spécialités de la discipline alors que l’américanisme, l’africanisme, l’européanisme, l’indianisme… étaient reconnus, certifiés par des musées ou des sections de musées, des dépar- tements universitaires, des chapitres de manuels depuis les origines. Avant que ne prenne corps ce projet collectif sous l’égide d’universités britanniques, des tra- vaux sur le monde méditerranéen avaient cependant été menés mais sans pers- pective programmatique. On pense à de remarquables études monographiques ou thématiques réalisées sur les différentes rives de la Méditerranée, telles celles de René Maunier (1927) sur les échanges rituels en Afrique du Nord, de Robert Montagne (1930) sur les Berbères du Sud marocain, d’Albert de Boucheman

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=