Alimentation | Herrscher, Estelle; Saunier, Elia; Sauvegrain, Sophie-Anne

Alimentation 77 tenir compte des grandes variations de cuisines. Devenu aujourd’hui mètre éta- lon de l’alimentation saine, le régime méditerranéen a, par ailleurs, donné son nom aux régimes équivalents rencontrés dans d’autres régions. D’autres facteurs tels que l’activité physique, le fait que le repas soit un moment privilégié de la journée ou encore la sieste pourraient aussi expliquer en partie la longue espé- rance de vie et les faibles taux de maladies cardiovasculaires en Méditerranée. Outre les aspects nutritionnels, Igor de Garine rappelle que l’émotionnel a des conséquences biologiques notables. Il semblerait ainsi que le plaisir, notion très importante de l’alimentation méditerranéenne, en engendrant une sécrétion d’in- suline, serait nutritionnellement bénéfique. Ces quelques aspects ne sont pas pris en compte dans les études médicales sur le régime méditerranéen. Ce modèle pourtant non traditionnel entre dans le cadre d’une croyance en une alimentation idéale, ancestrale et immuable résolvant les problèmes physiques et psychiques, comme le soutient notamment l’importante organisation Oldways, associée à la vulgarisation de la pyramide méditerranéenne. Néanmoins, quelques études apparaissent contradictoires. Alors que la perception des repas en Méditerranée est pour certains « de délicieux repas, préparés avec soin, qui stimulent le plai- sir pour les régimes sains » (Willett et al ., 1995), le régime traditionnel n’est pas satisfaisant pour plus de la moitié des familles crétoises qui souhaiterait plus de viande, riz, poisson, pâtes, beurre et fromage (Nestle, 1995). Mais rien n’y fait, dans de nombreux pays où les maladies cardiovasculaires et l’obésité sont deve- nues des problèmes majeurs de santé publique, les gouvernements ont saisi l’in- térêt de la diète méditerranéenne. Celle-ci est ainsi promue par plusieurs pays, notamment les États-Unis qui ont proposé comme guide alimentaire une autre pyramide, simplifiée, reprenant la conception scientifique de l’alimentation médi- terranéenne. D’ailleurs, le guide de l’ oms , destiné à l’élaboration d’une straté- gie mondiale pour lutter contre les maladies chroniques, reprend également les caractéristiques de la composition du régime méditerranéen. Au-delà de l’aspect santé publique, l’alimentation méditerranéenne repré- sente également un atout économique pour les pays riverains de la Méditerranée. Elle est un excellent ambassadeur de la région, et une politique menée afin de conserver cette spécificité est une source potentielle de richesse économique. On remarque que la mention « méditerranéen » est devenue un argument de vente, et les exemples ne manquent pas, que ce soit sur des soupes, du riz cuisiné ou des céréales. Dans cette perspective, le département des Bouches-du-Rhône a créé, en 1999, le Conservatoire international des cuisines méditerranéennes ( cicm ) qui, outre des objectifs principalement culturels, souhaiterait faire « des produits et des plats ayant un caractère typique réel et des liens prouvés avec le terroir des attrac- tions touristiques précieuses ». Cette démarche s’inscrit dans la promotion très en vogue des produits du terroir et rejoint cette notion de valorisation sentimentale

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