Alimentation | Herrscher, Estelle; Saunier, Elia; Sauvegrain, Sophie-Anne

Alimentation 73 Alimentation La définition la plus consensuelle de l’alimentation méditerranéenne traditionnelle repose sur une importante consommation de fruits, de légumes et de céréales, asso- ciée à l’utilisation de condiments dont l’huile d’olive en première place, d’herbes aromatiques (thym, romarin, basilic, origan, persil, menthe) et d’épices (clou de girofle, noix de muscade, cumin, coriandre, piment, safran, cannelle) (Padilla, 2000). Si les géographes et les historiens délimitent la culture de l’olivier à l’es- pace et au climat méditerranéens, l’alimentation méditerranéenne concerne alors 21 pays répartis sur les rives nord et sud de la mer Méditerranée, présentant des reliefs variés, avec des étés chauds et secs, et des hivers doux et humides (Espagne, France, Monaco, Italie, Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Albanie, Grèce, Chypre, Turquie, Syrie, Liban, Israël, Égypte, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Malte). À ces facteurs environnementaux, géographiques et cli- matiques, qui auraient ainsi déterminé une alimentation frugale et composée de fruits et légumes frais tout au long de l’année, il convient d’associer le poids des facteurs historiques impliquant des processus complexes. La « triade originelle » sur laquelle les auteurs s’accordent, composée du blé, de l’olivier et de la vigne, a été diffusée dès le III e millénaire avant notre ère avec les Égéens, et poursui- vie avec les Phéniciens et les Carthaginois. Dans le même temps se répandirent également, dans la région, les céréales comme l’orge et l’avoine, puis les agrumes ainsi que la viande de mouton, de chèvre et de bœuf. Mais ce sont les échanges constants tout au long de l’histoire de cette région, induits par la mobilité des peuples, la conquête de nouveaux espaces, à l’intérieur mais également à l’ex- térieur de cette aire géographique, qui ont défini le système alimentaire médi- terranéen. Les fruits et les légumes dits « méditerranéens » ont presque tous été importés, que ce soit de l’Asie et de l’Inde, principalement entre le xii e et le xvii e siècle (aubergine, concombre, pêche, agrumes…), ou de l’Amérique à partir du xvi e siècle (tomate, poivron, maïs, pomme de terre, haricot…). Les religions monothéistes, qui ont vu le jour dans le bassin méditerranéen, ont également par leurs prescriptions diététiques et leurs interdits alimentaires largement contribué

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