Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 53 méditerranéenne active de Mujâhid al-‘Âmirî et de son successeur ‘Alî s’appuyait à la fois sur la course et sur l’expansion vers les îles – Baléares et tentative de conquête de la Sardaigne – pour accroître le territoire et le rayon d’action de sa flotte, même s’il s’est trouvé limité par les pactes noués avec les autres gouver- nants de la péninsule pendant que se réglait la succession du califat. La possibilité de contrôler temporairement les ports de Tortosa, Valence et Almeria, ainsi que ses bonnes relations avec les Abbadides de Séville, achevèrent de consolider son pouvoir. Les traités commerciaux passés avec Barcelone et Pise, et l’exploitation coloniale de Majorque et d’Ibiza (qui fournissaient des chevaux et des esclaves pour les campagnes), contrôlées stratégiquement depuis Denia, contribuèrent à la circulation de l’or andalou dans les territoires chrétiens. Au cours du xii e siècle, les géographes al-Bakrî et al-Idrîsî ont recensé les itinéraires les plus fréquentés durant les dominations almoravide et almohade, au cours desquelles les partenariats entre les ports situés de part et d’autre de la Méditerranée (et pas seulement du détroit) s’étaient intensifiés. Ainsi, les deux centres de pouvoir dynastiques qu’étaient Salé et Séville s’étaient associés direc- tement, tout comme Almeria et Oran, qui remplacèrent d’autres destinations comme point d’approvisionnement pour le grain, l’alun, l’antimoine et l’or en échange du cuivre et de produits de luxe. Malgré la conquête de la majeure partie de la péninsule Ibérique par les puis- sances chrétiennes, plusieurs royaumes vassaux musulmans perdurèrent quelques années, tous avec un accès à la mer. Mais ce fut finalement Grenade, dirigée par les Nasrides, qui s’imposa et réussit à maintenir l’islam dans la péninsule durant encore deux siècles (1263‑1492). Grenade conserva son double intérêt à la fois au Maghreb et de l’autre côté du détroit, mais son littoral ne se situait plus qu’en Méditerranée, puisque les derniers bastions atlantiques tombaient les uns après les autres aux mains des Castillans. Malgré tout, Grenade demeura l’intermé- diaire de l’or nord-africain, grâce aux tributs qu’elle payait aux chrétiens. Le sucre de Malaga, le coton ou la soie constituaient les principales exportations durant cette période. La marine nasride, incapable d’arrêter la progression des flottes chrétiennes, fut obligée d’utiliser des bateaux étrangers, provenant notamment de Gênes, voire d’Aragon, pour effectuer ses transactions commerciales de longue distance. Les flottes chrétiennes réussirent ainsi à bloquer le passage du détroit et à étouffer toute velléité d’aide que les Nasrides auraient pu recevoir des flottes musulmanes du Nord de l’Afrique. Depuis le premier traité noué avec Gênes en 1278, les Italiens monopolisèrent le commerce de longue distance, alors que les transactions commerciales gérées et effectuées par des moyens de transport grenadins se limitaient à de courtes distances, dans des embarcations de taille moyenne ( carabos, barcas, fustas ou zabras ). Les marins andalous prêtaient leurs services dans des flottes égyptiennes et reçurent à ce titre les éloges d’Ibn Khaldûn

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM3MTc=