Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 52 côtières : Setúbal, près d’Alcácer do Sal ; Rota, au nord de Cadix ; Almeria ; Qabta, au nord du cap Gate, refortifié à la demande d’al-Hakam II en 964 ; Guardamar del Segura. Ces constructions fonctionnaient comme des ribats, elles remplissaient des fonctions militaires défensives et religieuses, puisqu’elles étaient protégées par des hommes pieux, dévoués à une vie ascétique, qui en profitaient pour pratiquer le jihad. Cependant, elles n’étaient pas toujours des- tinées à protéger des dangers maritimes, mais servaient parfois dans la lutte contre les hérétiques à l’intérieur même des frontières du territoire concerné. La nécessité de dominer la mer des deux côtés du détroit de Gibraltar, une des priorités imposées par la progression des Fatimides vers l’Occident, et ren- forcée par des motivations commerciales, justifia la rénovation de Tarifa où fut édifiée une nouvelle forteresse (960) et la consolidation des fortifications d’Algésiras, de Tanger, de Ceuta et de Melilla, ainsi que l’installation de mouil- lages entre ces villes, comme à al-Wasit. Les Banu Ifran, de la confédération tribale zénète et alliés du califat andalou, s’installèrent dans toute la zone inté- rieure entre Assilah et l’îlot de Nekor (au large d’al-Hoceima). L’investissement des Omeyyades dans les infrastructures maritimes du détroit fut considérable. Par exemple, en 957, le calife ordonna la construction d’une nouvelle enceinte de murailles en pierres à Ceuta, qui fut achevée sous le règne de son succes- seur al-Hakam en 962, avec un fossé si profond que l’on pouvait transformer la péninsule sur laquelle se trouvait la médina de Ceuta en une véritable île, équi- pée de ponts qui pouvaient être coupés en cas de besoin. Le langage architec- tural de toutes ces constructions symbolisait le pouvoir du calife de Cordoue et reproduisait des pratiques de construction, de conception et de planimétrie qui existaient déjà dans la péninsule Ibérique. À partir de 973, le remplacement de la route Algésiras-Ceuta par la route d’Algésiras et Tarifa à Tanger et Assilah joua un rôle clé dans le contrôle du détroit. Tanger fut fortifiée de nouveau depuis les bases portuaires andalouses par l’amiral de la flotte Ibn Rumahis et par divers alcaides , et des troupes régulières rémunérées y furent cantonnées. Les raisons stratégiques qui expliquent le déplacement de l’axe du détroit étaient les sui- vantes : la nécessité de contrôler les routes menant à Fès, interrompues dans leur partie la plus orientale par la cordillère du Rif ; la situation des deux ports dans la zone contrôlée par la confédération berbère Ketama, favorable aux califes omeyyades ; la possibilité de mobiliser les ressources de la côte atlantique andalouse, canalisées depuis Séville, qui disposait également d’un arrière-port important, face à l’inefficacité flagrante de la flotte méditerranéenne. La dissolution du pouvoir amiri et la chute du calife omeyyade, suivies par la création des royaumes des taïfas (1002‑1114), témoignent de la fragmenta- tion de la puissance navale andalouse, mais n’ont pas interrompu la présence de ses flottes, avec en premier lieu la taïfa de Denia (1014‑1114). La politique

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