Al-Andalus | Echevarria, Ana

Al-Andalus 51 pour servir de base opérationnelle contre le rebelle Ibn Hafsûn. Tortosa avait un rôle fondamental pour la flotte qui menaçait les Francs, et contre Barcelone. À partir de 933, la haute amirauté s’installa à Almeria, où elle devait rester jusqu’à la fin du califat, et y employa une grande partie des habitants de la ville. Le poste d’amiral de la flotte comprenait également la fonction de gouverneur de la ville, ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de l’armada. Pendant plusieurs générations, ce poste fut occupé par les Banu al-Rumahis, dont la présence était déjà signalée à Algésiras à l’époque de l’émirat. En 951, ‘Abd al-Rahmân III envoya à Ceuta et Tanger, récemment conquises, plusieurs contingents andalous dans l’intention de faire de ces deux villes des bastions contre la progression des Fatimides. Malgré cela, les bateaux fatimides accostèrent à Almeria (955‑956), incendièrent la flotte omeyyade et pillèrent la ville. Les forte- resses de Ceuta et Tanger ne furent pas directement menacées, mais leurs seigneurs berbères, alliés des Omeyyades, furent contraints de reconnaître la souveraineté fatimide. Après le pillage, í se reconstruisit : la défense des quais fut assurée grâce à l’édification d’un alcazar sur un promontoire proche de la côte. D’après al-Udri, dans une partie des chantiers navals de la ville, les navires et leur équipement pouvait être à sec, et il y avait aussi une alcaicería (bazar) fermée où les commer­ çants déposaient leurs marchandises s’ils le désiraient. À l’époque d’al-Hakam II, al-Râzî considérait Almeria comme la seule grande base navale d’al-Andalus, où était installée l’une des plus importantes douanes maritimes. L’acheminement des matériaux nécessaires à la construction de bateaux dans les principaux chantiers navals de la côte andalouse était facilité par la présence d’exploitations situées à une distance modérée des ports. Le bois, transporté par voie fluviale, provenait des montagnes de Cuenca, de Cazorla ou des collines de Tortosa, qui produisaient également de la poix et du goudron. Le fer utilisé pour fabriquer les clés et les ferrures venait des mines de Constantina (Séville), de Guadix, d’Onda (Castellón), d’Almeria, des monts de Tolède et de Saltés. Au x e siècle parut le premier traité andalou connu de droit maritime commer­ cial, le Kitâb akriyat al-sufun wa-l-nizâ‘ bayna ahlihâ , d’Ibn Abî Firâs (Livre d’affrè- tement des bateaux) . Ce traité décrit le trafic entre l’Ifriqiya, la Crète et Alexandrie, le statut des armateurs, les modalités de location des marins et des navires, les incidents de navigation, les assurances et la valorisation des marchandises trans- portées, et comprend également de nombreux cas pratiques. Grâce au commerce, Almeria et Pechina bénéficiaient déjà de réseaux de contacts avec les plus grands ports d’Orient, dont il était possible de tirer parti dans le cadre de la course contre les Fatimides. Les autres ports existant en al-Andalus (Séville, Algésiras, Ceuta et Tortosa) se placèrent également sous son mandat. Toutes ces villes faisaient partie du dispositif de fortifica- tion du littoral, avec les tours de guet. Il fallait également y ajouter les rábitas

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