Agronomie | Fenech, Jean

Agronomie 39 sur les productions spécifiques de l’agriculture exportatrice (agrumes, vigne, blé dur) et cherche à adapter les variétés et techniques mises au point au Nord pour les céréales et autres grandes cultures. Cette transposition ne donne pas de résul- tat probant, sauf pour la défense des cultures : les variétés de grandes cultures en Méditerranée doivent être étroitement adaptées au cycle climatique (pluviosité automnale et printanière, chaleurs estivales), tout décalage entraînant une baisse sensible de la production. Certaines espèces ont besoin de froid pour assurer leur développement (blé d’hiver, pommiers), ce qui a conduit à adapter avec plus ou moins de bonheur des variétés de printemps semées en automne, qui sont dès lors à la merci d’un coup de froid ou d’une sécheresse précoce. Certaines tech- niques aratoires mécanisées, d’autre part, peuvent accroître l’évaporation et défa- voriser à des stades sensibles les cultures de plein champ. La transposition des techniques de dry farming venues des États-Unis n’a pas apporté la révolution espérée des rendements, faute de variétés adaptées. Dès la fin du xix e siècle, l’agronomie devient discipline de recherche et d’enseignement dans le monde. On compte actuellement, sur les rives de la Méditerranée, quelques centaines d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche en agronomie. Depuis 1962, le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes ( CIHEAM ), constitué à l’initiative de sept pays riverains, dispense une formation de haut niveau spécifique complé- mentaire aux diplômés de l’enseignement agricole des pays méditerranéens. Une agronomie méditerranéenne ? Les propriétés des sols et la végétation naturelle sont étroitement liées au cli- mat. Les précipitations souvent violentes de saison froide et la sécheresse esti- vale contribuent à l’érosion des reliefs. Les plaines littorales sont peu étendues et correspondent le plus souvent à des deltas humides. Dans un climat difficile, sur des sols le plus souvent peu profonds et peu fertiles, une population de plus en plus importante amène une forte pression foncière et la mise en culture de pentes exposées à l’érosion. Les disponibilités en eau agricole sont en concur- rence avec le développement urbain, industriel et touristique. À côté d’exploi- tations modernes, moyennes à grandes, issues de colonisation ou de réformes agraires – dans les secteurs les plus fertiles – et de vestiges de tenure collective, le droit romain, le droit musulman et le droit civil, issu de la Révolution fran- çaise, ont amené, par le jeu des héritages, un morcellement des propriétés. Il faut ajouter l’élevage, en vaine pâture et transhumance, d’ovins et de caprins pouvant contribuer à la dégradation des végétations spontanées de pentes fragiles. On peut considérer les ressources naturelles comme surexploitées.

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